Le Rwanda précolonial: Le Rwanda précolonial était un Royaume extrêmement centralisé, présidé par des rois Tutsis issus d’un clan souverain. Le roi régnait aidé de trois chefs : le chef du bétail, le chef de la terre et le chef militaire. Ces chefs, et particulièrement les chefs du bétail et militaire, étaient essentiellement, mais pas exclusivement, tutsis.
Alors que la relation entre le roi et le reste de la population était inégale, les populations Bahutu, Batutsi et Batwa entretenaient une relation de bénéfice mutuel, basée sur l’échange de leur travail; un système de clientélisme appelé « Ubuhake », permettant une sorte de symbiose au sein de la société.
Le Rwanda Colonial: En 1899, le Rwanda devint une colonie allemande. En 1919, suite à la défaite des Allemands à l’issue de la Première Guerre Mondiale, le Rwanda devint un territoire sous mandat de la Société des Nations, confié à la Belgique. Les Allemands comme les Belges pratiquèrent un système d’administration indirecte. Par ailleurs, une économie des cultures de rente fut introduite au Rwanda et administrée avec des méthodes dures qui, par la suite, conduirent le Roi et ses chefs à s’aliéner le reste de la population.
En 1935, l’administration coloniale belge introduit un système d’identification national discriminatoire fondé sur l’ethnicité. Les Banyarwanda qui possédaient dix vaches ou plus étaient enregistrés comme Batutsi. Ceux qui en possédaient moins étaient identifiés comme Bahutu. Dans un premier temps, les autorités belges, pour des raisons politiques et pratiques, favorisèrent le Roi et ses chefs, qui appartenaient pour la plupart à l’élite dirigeante Batutsi. Lorsque débutèrent les revendications d’indépendance, issues principalement de l’Union Nationale Rwandaise (UNAR), un parti politique formé par des membres de l’élite dirigeante susmentionnée, les autorités belges se mirent précipitamment à supporter un autre parti appelé PARMEHUTU, fondé sur une idéologie ethnique sectaire. Sous la supervision belge, les premiers massacres des Batutsi par les mains du PARMEHUTU eurent lieu en 1959. Dans ce contexte de violence généralisée, le PARMEHUTU, avec la complicité belge, abolit la monarchie. Et le 1er Juillet 1962, la Belgique accorda au Rwanda l’indépendance politique formelle.
Le Rwanda après l’Indépendance
A partir de 1959, la population Batutsi fut prise pour cible, causant des centaines de milliers de morts et l’exil de près de deux millions de Rwandais formant une Diaspora qui durera presque 40 ans.
La Première République, sous le Président Grégoire Kayibanda, institutionnalisa la discrimination contre les Batutsi et fit périodiquement recours à des massacres contre cette population comme moyen de maintenir le statu quo. Quelques groupes de Rwandais de la Diaspora tentèrent d’organiser un retour par les armes mais en vain.
En 1965, le Rwanda fut décrété régime à parti unique sous le MDR/ PARMEHUTU, architecte de l’idéologie raciste qui allait consolider la Deuxième République du Président Général-Major Juvenal Habyarimana.
En 1973, le Président Kayibanda fut renversé par un coup d’état qui mit le Général-Major Habyarimana au pouvoir. Par la suite, le Président Kayibanda et de nombreux politiciens importants de la Première République furent éliminés. D’autres Batutsi furent tués.
En 1975, le Président Habyarimana fonda le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND), un parti unique au pouvoir qui allait promulguer en 1978 une constitution qui reconduirait continuellement le président au pouvoir grâce à des « élections » pour lesquelles il serait l’unique candidat.
La Première comme la Deuxième République affirmaient sans cesse que le Rwanda était un pays surpeuplé et trop petit pour accueillir les réfugiés Rwandais s’ils revenaient. Graduellement, sur base ethnique, la population fut marginalisée et appauvrie alors que le régime d’Habyarimana se faisait plus violemment intolérant. Les divisions au sein de la clique dominante Bahutu qui atteignirent leur paroxysme avec le coup d’état de 1973, s’intensifièrent dans les années ’70 et ’80 lorsque la clique parla de Bahutu du nord et Bahutu du sud. Par ailleurs, toutes activités politiques continuèrent d’être interdites.
Le FPR
Sa Formation C’est dans ce contexte d’idéologie diviseuse et génocidaire bien établie, des massacres répétés, des problèmes persistants des réfugiés de la Diaspora et du manque d’issue vers un changement politique pacifique que la « Rwandese Alliance for National Unity » (RANU) fut formée en 1979. Crée par des Rwandais de la Diaspora, l’Alliance avait pour objectif de mobiliser le peuple Rwandais à la résolution de ces problèmes. Presque 10 ans plus tard, en 1987, la RANU devint le Front Patriotique Rwandais (FPR), dont les objectifs étaient les suivants : • promouvoir l’unité nationale et la réconciliation ; • établir une véritable démocratie ; • garantir la sécurité de tous les Rwandais ; • construire une économie intégrée et autosuffisante ; • éradiquer la corruption sous toutes ses formes ; • rapatrier et réinstaller les réfugiés rwandais ; • créer et mettre en œuvre des politiques qui promeuvent le bien-être social de tous les Rwandais et ; • poursuivre une politique étrangère basée sur l’égalité, la coexistence pacifique et le bénéfice mutuel entre le Rwanda et les autres pays.
La lutte armée du Front Patriotique Rwandais (FPR) : L’essentiel du monde n’avait jamais entendu parlé du FPR avant le 1er octobre 1990 – le jour qui marqua le début de la guerre de libération contre la dictature militaire de Kigali.
Prendre les armes ne fut pas une décision facile. Pour le FPR, la guerre avait toujours été une option de dernier recours. Cependant, tous les efforts pour un changement pacifique et démocratique dans le pays réalisés jusque là s’étaient avérés vains.
Il était devenu évident à toute personne qui souhaitait mettre fin à la dictature et à la violation des droits fondamentaux du peuple rwandais que seule la prise des armes pouvait voir cet espoir un jour réalisé. Le régime s’était constitué une immense machinerie coercitive usant de la violence pour oppresser le peuple. Prendre les armes contre le régime fut alors considéré non seulement comme un droit mais aussi comme une obligation patriotique et nationale.
Quand la guerre éclata, paysans et travailleurs, étudiants et intellectuels, hommes et femmes rwandais de toutes les régions et de tous les groupes “ethniques” et sociaux répondirent à l’appel du Front Patriotique Rwandais pour délivrer le pays de la dictature.
La Voie de la paix:
Alors que la guerre pour la libération s’intensifiait, le FPR continuait de chercher des voies pacifiques pour résoudre le conflit. Le 29 mars 1991, en République Démocratique du Congo (RDC), le FPR et le Gouvernement du Rwanda signèrent les accords de cessez-le-feu de N’sele qui prévoyaient, entre autres, la fin des hostilités, le retrait des troupes étrangères, l’échange de prisonniers de guerre et enfin, de sérieuses négociations politiques pour mettre fin au conflit. Immédiatement après la signature des accords, le Gouvernement en place tourna en dérision le dit accord tandis que les combats entre le FPR et les forces du gouvernement s’intensifiaient.
Les Accords de Paix d’Arusha: Alors que le régime devenait de plus en plus désespéré, les massacres des Batutsis dans les différentes régions du pays commençaient à se propager considérablement dans un effort délibéré de nettoyage ethnique. Le régime usait de la violence pour épuiser et faire taire l’opposition politique interne naissante. La violence était également utilisée pour faire avorter le processus de paix. Après une longue période de négociations qui se déroulèrent à Arusha en Tanzanie, les accords de Paix d’Arusha furent signés le 4 août 1993.
Ces accords s’articulent autour de 5 piliers: I. L’établissement de l’Etat de droit; II. Le partage du pouvoir III. Le rapatriement et la réinstallation des réfugiés ainsi que la réinstallation des déplacés de guerre; IV. L’intégration des forces armées des deux parties en conflit; et V. Diverses autres dispositions.
Les Accords de Paix d’Arusha furent signés le 4 août 1993 et devaient être mis en œuvre en 37 jours, en commençant par l’établissement des institutions de la présidence, du cabinet et de l’Assemblée Nationale. Une force des Nations Unies devait superviser ce processus. Le FPR honora tous ses engagements quand en décembre 1993, il envoya 600 de ses troupes à Kigali, ainsi que des membres de l’Exécutif qui devaient devenir membres du gouvernement de transition. L’attention du régime, de son côté, était concentrée sur la préparation du génocide. Les Accords de Paix d’Arusha ne furent jamais mis en oeuvre bien que ses principales dispositions constituent aujourd’hui la Loi Fondamentale de la République du Rwanda.
Le Génocide de 1994
Les massacres au Rwanda ont débutés en 1959, depuis ce temps et de manière assez régulière, les massacres des tutsi sont devenus chose habituelle. Durant les années 60, 70, 80, et le début des années 90, les massacres des tutsi étaient très fréquents.
Entre avril et juillet 1994, plus d’un million de Rwandais, en majorité Tutsi en plus d’une minorité de Bahutu de l’opposition furent massacrés par le régime génocidaire. Plusieurs groupes différents sont impliqués dans ce génocide. Parmi les organisateurs figurent l’ex président rwandais feu le général major Habyarimana Juvénal, plusieurs officiels du gouvernement, y compris les membres du « Gouvernement provisoire », la Garde présidentielle, la Gendarmerie Nationale, les Forces Armées Rwandaises (FAR), les milices CDR-MRND (Interahamwe), quelques représentants locaux, et une grande partie de la population Hutu.
Les préparatifs du Génocide comprenaient l’entraînement des miliciens Interahamwe, l’armement de ces miliciens ainsi que d’une partie de la population civile, l’établissement, et la propagation des listes portant les noms des tutsis à exterminer, et la diffusion des messages de haine par la Radio Télévision Libre des Milles Collines (RTLM).De manière répétée, ces différends ont bloqué la mise en pratique des accords d’Arusha.
Lorsque le Génocide a commencé, les Nations Unies avaient une Force de Maintien de la Paix- Force des Nations Unies pour Assistance au Rwanda- d’environ 2.500 hommes au Rwanda. La première réaction des Nations Unies, et des autres nations qui avaient leurs ressortissants sur le sol Rwandais, a été de retirer leurs troupes et de rapatrier leurs ressortissants respectifs. Vu les circonstances, le FPR se devait de se battre pour arrêter ce Génocide.
La chute du régime génocidaire
Le 4 juillet 1994, la capitale rwandaise Kigali, tombe aux mains de l’Armée Patriotique Rwandaise, la branche armée du FPR. Les membres du « Gouvernement provisoire », les milices armées, et plusieurs autres groupes impliqués dans le génocide prennent la fuite principalement en RDC et en Tanzanie. Plus de 3 millions de réfugiés rejoignent la RDC et la Tanzanie. Le 19 Juillet 1994, le FPR met en place le Gouvernement d’Unité Nationale avec l’aide d’autres partis politiques. Ces partis sont le Parti Libéral (PL), le Parti Social Démocrate (PSD), le Parti Démocrate Chrétien (PDC), le Mouvement Démocratique Républicain (MDR).